Milan le temps d'un week end ou la parenthèse enchantéé
Ainsi fût fait, et malgré un funeste retard aérien qui laissa Kéké dans le froid rongé par les affres d'une attente angoissée, je débarquai heureuse et posai le pied en Italie. Instants exquis de retrouvailles que je ne tenterai pas de décrire et comme on pouvait s'y attendre, une conversation qui reprît comme si elle ne s'était arrêtée.
Nous déjeunâmes d'une pizza simple et délicieuse comme seuls les italiens savent les faire dans un restaurant qui, par hasard, avait déjà reçu un éminent membre de la famille! Et oui, une petite surprise m'attendait sur le mur réservé aux passagers de la Scala... A son propos justement il était temps pour nous d'aller la voir de plus près. Le temps d'acheter quelques cigares et de lécher les belles vitrines de la Galerie et, les jambes tremblantes, je me dirigeai vers le saint des saints, LE plus grand opéra qui soit, celui où les plus grands ont été hués ou portés aux nues par un public exigent, capricieux... et roi. Le fougueux Alagna, à tort ou à raison (mais est-il vraiment sensé de huer un ténor au bout de quelques notes???) en a récemment fait les frais. La Callas elle-même n'avait-elle pas subi les foudres des lyricomanes milanais? Quoiqu'il en soit, la Scala, qu'on y chante où qu'on y écoute, bouche bée, debout, le dos douloureux mais heureux les grandes voix du moment dans des pièces tragiques et spectaculaires, le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle se mérite! En ce qui nous concerne ce fût une visite échevelée de tous les points de vente connus qui, évidemment, le jour même de la dernière d'un opéra phare n'avaient rien à nous offrir que des "bonne chance!" voire des "Laissez-tomber les enfants! Aïda, pour la dernière, mais vous rêvez!" Ben oui, on rêvait! Tant et si bien qu'abandonnant les voies officielles mais pas notre détermination, nous nous décidâmes à nous tourner vers d'autres qui le sont moins (en même temps, en Italie, tout est relatif...). Kevin - qui pourrait penser à une reconversion dans la mafia si un jour les temps sont durs - tâchait de questionner les badauds rodant sur la place pendant que je m'efforçais de dévisager les gens aux alentours pour tenter de démasquer ceux qui devaient à coup sûr cacher les précieux sésames sous leur manteau. Ce n'est pas si évident et on a du blesser l'amour propre de quelques milanais cet après-midi là!
Mais finalement après avoir tchatché (enfin Kevin, moi j'acquiesçais aux quelques bribes que je saisissais!) avec les personnages incontournables des arcades contigües (le vieux au badge, le papy qui baragouinait des paroles incompréhensibles en faisant des grands gestes, le type avec un oeil qui dit zut à l'autre et autres personnages colorés), nous fûmes enfin mis en contact avec le mafioso qui régnait en maître sur le coin avec lequel Kéké engagea des pourparlers. Un rendez-vous fût pris pour deux heures plus tard. Le temps pour nous d'aller prendre un vrai expresso et un capuccio (horreur! vingt ans dans l'erreur à croire qu'on pouvait commander un cappuccino!) dans un café chic, le Victoria ;-D qui pourtant ne nous porta pas bonheur puisque mon accolyte milanais préféré s'y fit détrousser sans qu'il s'en aperçût (au moins, ça m'aura donné l'occasion de caser un imparfait du subjonctif, c'est pas tous les jours!) Gros coup dur en tout cas, ces gredins ont été assez habiles pour lui piquer de l'argent tout juste retiré et sa carte bleue (bonjour le bordel avec l'administration italienne et nos boulets de compatriotes!) Mais cela a finit de nous convaincre qu'il fallait qu'on passe la soirée à la Scala, avec l'enjeu maintenant de sauver la soirée! A la nuit tombante nous rejoignîmes notre parrain préféré et payâmes nos places évidemment une petite fortune... que l'on ne regreta point! Bien des pinces de ma connaissance devrait prendre exemple sur la conduite de grands seigneurs que nous eûmes ce soir là Kevin et moi. Un coup de tête, une folie, mais quelle soirée mes enfants, QUELLE SOIREE!!! Du genre de celle qui reste gravée dans sa mémoire, de celle qu'on vit avec le sentiment délicieusement douloureux qu'il est éphémère, court, mortel, et on voudrait tout absorber, tout garder intact pour se le faire défiler à l'envi dans son p'tit ciné cérébral perso... Pour vous, j'ai risqué ma vie pour prendre quelques clichés de l'antre fatal tout de velours et de lumière, et vous donner une petite impression du Teatro alla Scala.
Malheureusement, ce foutu blog refuse de me laisser vous montrer tous les beaux clichés de ce théâtre somptueux, alors vous allez devoir vous contenter d'imaginer tout ça jusqu'à ce que je puisse les mettre...
Achats de cigares pour Kévin, qui depuis qu'il est milanais, ne recule devant aucun atour chic pour se fondre parmi les autochtones!
Bon, toujours impossible de mettre le reste des photos mais je ne vais pas pour autant laisser ce récit inachevé... Nous en étions donc au vendredi soir, jour béni d'entre tous et soirée EXTRAORDINAIRE comme vous l'avez compris. Heureux, comblés, aux anges, l'impression était toujours là le lendemain matin (enfin matin, c'est un bien grand mot!) et spontanément, c'est une des premières choses que l'on s'est dite Kévin et moi samedi matin: mince, qu'est ce que ç'était bien! Wow, je crois que j'en ai rêvé cette nuit! Et le fait que ce jour là le soleil avait déserté le ciel milanais ne put rien changer à notre excellente humeur.
Le temps de rejoindre la gare, de monter dans un vieux et poussif train comme seuls les italiens en ont encore (pour les espagnols la question ne se pose pas: des trains, eux, ils n'en ont pas!), ce genre de train qu'on dirait sorti d'un roman de Simenon ou de Modiano peut être, de ceux qui n'existent plus que sur la frontière suisse. Mais je ne vais pas encore vous faire le coup du train, vous aller vous lasser et je tiens à conserver mes derniers lecteurs. En 3/4 d'heure nous gagnâmes donc la frontière et la ravissante petite ville de Côme, un bijou de coquetterie niché au creux des Alpes et au bord d'un magnifique lac transfrontalier (que vous avez pu voir dans le dernier James Bond). La ville se donne, je crois, des airs vénitiens, à moins que ce ne soit la brume ou mon imagination qui ne me l'aient suggéré. Délicieuse promenade au bord du lac, au milieu des montagnes puis balade dans la ville en elle-même, prisée des milanais qui aiment à s'y échapper pour le week-end, si bien que l'on peut y trouver tout ce qui peut rendre un milanais heureux: des fringues, des fringues et des fringues; des belles boutiques, des belles boutiques et des belles boutiques. Résumons donc: un train, un lac, des montagnes, le clapoti des vagues sur la coque des bateau, le ciel qui se teinte de rose tandis que le jour décline et une adorable petit ville avec des merveilleuses boulangeries pleines de pizzas maisons succulentes (celà va sans dire... Quelqu'un a déjà mangé une mauvaise pizza en Italie???) et ces boutiques de design pointus et de fringues de luxe. En plus c'était les soldes... quand on vit ça, n'a t-on pas déjà une idée un peu plus précise du bonheur? "Ne bougez plus, c'est un moment parfait".
Nous sommes donc rentrés "à la brune" tout heureux encore de cette belle journée et décidés à rester sur la lançée; un mojito s'imposait (jusqu'alors, bien sûr, il martini blanco avait été plébiscité, vous vous en doutez). Ce soir-là nous avons été nous aventurer