Biboo bat des ailes

Mes chers amis, un message comme une bouteille à la mer… Eparpillés au quatre coins du monde ou restés au bercail jamais quitté, je suis loin de vous… Or l’amitié, ça s’entretient, je le sais ; j’y tiens. C'est ce que je tenterai de faire ici.Pour que quand je rentrerai, quand nous nous retrouverons tous, nous ne nous regardions pas un instant comme des étrangers, mais que nous ayons l’impression de nous être quitté la veille. Et de reprendre une conversation inachevée…

08 septembre 2006

Retour sur un séjour arcachonnais estupendo!



De retour depuis une semaine dans la capitale espagnole de nouveau caniculaire, je trouve enfin le temps de vous donner quelques nouvelles et vais, en exclusivité, vous raconter ma petite virée girondine de presque dix jours, ces fameuses vacances à Arcachon, un don du ciel totalement inattendu et qui a failli me passer sous le nez au dernier moment (mon patron décidant au dernier moment de garder le bureau ouvert pendant cette semaine, j'étais sensée venir travailler normalement, alors que j'avais déjà réservé mes billets de car pour Bordeaux!!! Mais devant mon air déconfit, il a accepté sans problème que je parte comme prévu - d'ailleurs contrairement à l'autre stagiaire dans le même cas que moi, je n'ai pas proposé d'écourter ^^). Jeudi soir, retour du boulot, déjeûner sur le pouce, bouclage de sac (la classe: une de mes colocs m'avait prêté un Lonchamps, ma valise de 40kg paraissant peu appropriée!), douche rapide, préparation d'un pique-nique, et Zou! dans le métro pour 40 minutes à traîner un sac pas si léger dans les couloirs bondés, poisseux et malodorants (eh oui!) du metro madrileño.

La gare routière de Méndez Alvaro est immense, bruyante et apparemment bordélique, mais j'ai fini par trouver mon car. Il était repérable aux grappes de français qui se dirigeaient vers lui. Je ne sais pas si vous avez remarqué à quel point, en territoire étranger, on 'sent' à des kilomètres le moindre compatriote! Mon flair ne m'avait pas trompé, et je pris place dans la cohue à côté d'une très gentille bordelaise qui fût d'une compagnie très agréable. Je la questionnai sur les choses à voir à Bordeaux, voulant faire un peu de tourisme à mon arrivée à... 5h15 du matin dans la cité girondine dont je ne connais que la gare SNCF et la campus de Pessac (souvenirs de concours pour beaucoup d'entre nous....). Nous parlâmes de projets de voyage après que mes doigts pleins de crampes crient grâce d'avoir tenu pour nous deux pendant une heure et demie mon ipod chéri grâce auquel nous avons regardé en miniature "Filles perdues, cheveux gras". Puis sommeil approximatif, entre les balotements du car et le froid de la vitre à laquelle j'étais collée [pardonnez moi, mais vous n'êtes pas sans ignorer que je suis une fan absolue des détails, et là, je suis lancée!]. Bref, arrivée ponctuelle dans la nuit noire bordelaise.

Je m'attendais à arriver avec l'aube (toujours chic!) et à cueillir les premiers rayons du soleil français... Au lieu de ça, descente du bus sous une pluie torentielle et glaciale dans une nuit d'encre. Quel pays! J'ai donc remis à plus tard ma virée touristique pour un café chaud et une 'chocolatine' au Buffet de la gare. J'aime ces lieux de passage, ces no-man's-land hors du temps où une foule d'inconnus se croisent pour tuer quelques heures de leur temps. Bon, autant vous dire qu'au bout de trois heures, je m'en suis lassée.

Deux heures vingt-cinq (!) plus tard, toujours sous la pluie, je montai dans un adorable TER. Pardon, j'oublie l'essentiel: j'avais bien sûr pris le temps d'acheter le numéro d'août de Studio Magazine, avec son encart spécial sur le prochain film de Thierry Klifa, "Le héros de la famille", avec au générique une belle brochette d'acteurs français, dont l'unique, la seule, l'étoile qui brille dans le ciel de la BAM corporation... Chers A. et B., ne soyez pas jaloux... même si c'est un numéro particulièrement intéressant car "Spécial cinéma français" avec un calendrier de tous les films hexagonaux attendus cette année... :-p Autant vous dire que je l'ai épluché consciencieusement tout au long de la semaine, mais j'ai préféré réserver mon temps de trajet Bordeaux-Arcachon à des retrouvailles attendries avec notre beau pays. Le train est à mon avis un moyen sans égal de découvrir la France, et ce vieux TER, avec ses banquettes en cuir élimé et ses filets à baggages, peu rempli de si bon matin, a été pour moi un pur moment de bonheur. Et chaque arrêt dans une petite gare paumée me donnait envie que le train ne s'arrête jamais et me fasse faire le tour de France des villes et des villages.

Oui, je sais, c'est un trip très... bucolique.

Finalement, comme c'était prévisible, le train a quand même fini par arriver à son terminus, et me voici respirant l'air frais (et toujours humide!) du matin arcachonnais. N'ayant pas envie de débarquer trop tôt chez mon oncle et de réveiller toute la maisonnée, je suis partie faire un tour dans la ville déserte, et, instinctivement, me suis dirigée vers la mer. J'étais heureuse toute seule en arrivant sur le front de mer, et malgré les bourrasques et la pluie, j'ai avancé sur la jetée pour le plaisir de respirer à pleins poumons l'air marin. Un vieil autochtone m'a lancé un encouragement en souriant avant de commencer son footing. Complicité matinale. Il s'agissait maintenant de trouver une boulangerie acceptable où acheter profusion de viennoiseries pour arriver comme le Messie, les bras chargés de gourmandises odorantes à l'heure du petit déjeûner.

Les adorables "cabanes tchanquées", plantées en plein milieu du Bassin, et le merveilleux petit kiosque de la Ville d'Hiver, quartier résidentiel d'Arcachon du début XIXème, merveilleusement préservé et dont les villas ont abrité compositeurs, écrivains, et bourgeois venus goûter les bienfaits des bains de mer.

Après cette arrivée humide et somme toute épuisante, j'ai pu profiter comme il se doit des agréments de ce lieu merveilleux, et même goûter à des vrais plaisirs de vacances lorsque le ciel nous laissait quelque répit. Mon temps s'est ainsi partagé entre le marché et diverses courses avec mon oncle d'un bout à l'autre du bassin, donnant l'occasion de rencontres savoureuses: de la photographe-gnome acariâtre, aux deux piplettes de la boutique de vêtements en passant par l'ostréiculteur abattu - cf. polémique sur les huîtres - le poissonnier malicieux, Angel l'ange-gardien et sa femme un peu précieuse (et quasi jumelle de notre documentaliste du lycée, Mme.Malicot!), un restaurateur portuguais et son cousin hauts en couleur, etc etc. Quelques belles promenades en bateau sur le bassin et des baignades courageuses dans l'eau salée et froide du Bassin, et de véritables festins, des plus frugaux aux plus chics mais TOUJOURS délicieux, des apéritifs au Porto et au champagne rosé, d'autres escapades matinales et promenades dans cette charmante ville, des errances en voiture dans la Ville d'Hiver labyrintesque pour admirer les splendides villas cachées au gré des allées, des soirées à être plongé dans les dicos à la recherche d'un vocable récalcitrant, problématique ou simplement inconnu, des colles incessantes ("Qui a dit: 'Je hais la famille'?", "Sais-tu quelles sont les phrases de Paul Valéry inscrites sur le frontispice du Palais de Chaillot?", "Mais qu'est ce qu'ils vous apprennent à l'école???"), des anecdotes à foison, une conversation incroyable sur des vieux acteurs américains que je connais à peine, très mal, voire pas du tout pendant que la copine new-yorkaise de mon cousin luttait contre les effets soporifiques du jet lag, un verre très sympathique avec ce dernier dans le repère pour minets branchouilles du Moulleau après une glace exquise, juste pour se récompenser de l'escalade de la Dune du Pyla ( la plus haute d'Europe, s'il vous plaît), un second verre très sympathique avec un voisin occasionel qui se reconnaîtra, et une partie de baby-foot inénarrable contre mon oncle sur la terrasse d'un chirurgien à base de: [lui] "Tu crois que tu vas avoir un vieux briscard comme moi? Qu'est ce que tu crois, je suis un enfant de la balle moi! J'ai grandi à Pigalle! Mais regarde-moi ça, tu te mets des buts à toi même! pfff... Tiens regarde comment on contrôle un ballon!"; [et moi de répondre] "Ah oui? C'est ce qu'on va voir! Tiens, dans les dents! T'es pas à la hauteur! J'suis jeune, mais j'ai des années de football dernière moi! Nan mais regarde ta défense, sois lucide, tu vas perdre!". Tout ça pendant que nos hôtes et le reste de la famille prenait l'apéritif en rigolant. Score final: 5-4. Pour lui. Mais je n'ai pas dit mon dernier mot!

Merveilles de l'Aquitaine: terroir et cabanes de pêcheurs à La Teste.

Je suis restée deux jours après que tout le monde a été reparti pour le sud ou les lointains States, histoire de profiter jusqu'au bout de mon retour en France. Et c'est avec délice que j'ai passé une soirée à regarder la télé en dévorant un plat de pâtes, régression temporaire à une normalité passée. Ah, que j'aime les épisodes de 'PJ', les docu sur Arte, la météo avec le dingue de la 2, choper des films au vol à 23h30, j'ai même regardé la Star Ac' pendant une dizaine de minutes! (il faut dire que c'était l'ouverture de la 6ème saison... Mon Dieu! 6 ans! Et ça se regarde encore! Ils sont bons chez TF1!). Et pour finir, un ultime et dernier jour de beau temps, un temps extraordinaire même pour l'anniversaire d'une lointaine-pas cousine de 26 ans donc je venais de faire la connaissance. Trois heures sur la plage à bronzer et à se baigner dans la mer délicieuse... Le bonheur quoi! On m'a dit que c'était à deux pas de la maison louée par notre ministre de l'intérieur!

Pour enchaîner sur cette anecdote peopleo-politique, mettons un peu de polémique dans ce blog que diable! Car cet intermède français m' a procuré la joie de pouvoir suivre à nouveau les méandres feuilletonesques de la course aux présidentielles. Chaque parti y allait de son université d'été, l'occasion d'afficher une unité de façade qui ne trompe personne, de lancer quelques phrases en l'air, de vagues projets politiques, mais surtout des piques acérées aux copains. Et vous reprendrez bien une rasade d'auto-satisfaction? Cette chère Ségolène remporte à mon avis la palme avec son intervention télévisée en direct: esquive royale des questions sur un éventuel programme révélant un vide que l'on peut supposer abyssal (sa parade? surtout "Pas de provocations" !!!), un sourire brit' à la Ben-des-grands-jours qui ne quittait son visage que pour de fugaces instants avant que le combo la rappelle à l'ordre (allez, avoue Ben, c'est toi son conseiller en image et communication? beau boulot en tout cas), et surtout une manière de retourner les questions pour faire l'article de sa propre personne (ex: on lui parle du retour de Lionel Jospin, et elle de dire sa chance d'avoir participé à son gouvernement et qu'il l'ait laissé agir et mettre en oeuvre ses projets, témoignage chaleureux auquel succèdent dix minutes d'énumération des-dites réformes que la France lui doit!!! Merci Mme Royal!). Ahh la politique! C'est un bonheur de chaque jour! Je suis bien triste de louper ça, ça m'amuse follement! Je passerai sur les sempiternelles harangues centristes de Bayrou, qui a rassemblé l'UDF à la Grande Motte (quel choix!), sur les remarques acerbes du borgne à propos d'un éventuel retour en grâce de Mégret au FN, sur la sérénade chantée par D.de Villepin à son bien-aimé collègue N.Sarkozy lors d'un meeting de l'UMP, lequel n'en oublie pas pour autant de faire son footing quotidien, entouré d'une nuée de journalistes, etc, etc. Delicious!

Le temps passe, une ligne succède à l'autre, la nuit tombe sur Madrid et moi je commence à avoir faim. Je crois qu'il est l'heure de conclure ce petit résumé de mes vacances tout logiquement par le retour. Car c'est du sable plein les ballerines, la peau gorgée de soleil et parfumée de sel marin que j'ai pris le chemin de la gare et ai retrouvé mon cher TER. Et c'est un retour magnifique auquel j'ai eu droit, par une superbe fin de journée baignée par cette si extraordinaire lumière de septembre. Comblée, choyée, j'ai été accueillie à Bordeaux par un couple de vieux amis de mon oncle et de ma tante qui m'ont régalé et conduite à mon car. Là bas j'ai goûté les meilleures tomates que j'ai jamais mangé de toute ma vie, sans rire (il n'y a pas que les macarons dans la vie!). Enormes, bossues, charnues, venues tout droit du potager proche; je m'en lèche encore les babines. Ok, je vois: c'est le moment où vous vous dites que je suis folle, que quelqu'un de sensé qui fait l'apologie d'un trajet en train ca va, mais de trois pauvres tomates, elle a un problème c'est sûr. Vous n'avez peut-être pas tort. Je vous laisse donc dans le doute en comptant sur votre indulgence. A très bientôt?

PS: Dans l'espoir d'éveiller votre clémence et de vous faire réaliser à quel point je compte pour vous, il me faut vous signaler que j'ai échappé à la mort. Quelques heures après avoir avalé crânement quatre huîtres (eh oui JB, tu as bien lu! Quatre huîtres! Et sans pression aucune, avec naturel! C'est mon record absolu!) fraîchement sorties des nasses du Bassin d'Arcachon, voici que la décision préfectorale tombe: la consommation des huîtres du Bassin et du banc d'Arguin est prohibée jusqu'à nouvel ordre, les souris cobayes pour les tests étant décédées instantanément après l'injection d'un sérum équivalent à 80 douzaines des crustacés gluants (les pauvres, tu m'étonnes!). N'empêche que, la semaine dernière, deux personnes sont mortes après avoir consommé des huîtres...

PS2: Spéciale dédicace aux nouveaux expat' new-yorkais, milanais, canadiens, hollandais, suédois (et rennais!) à qui je souhaite tous mes voeux de bonne année de mobilité 2006-2007. Une attention spéciale à Armelle qui doit affronter les embûches législatives, les problèmes économiques et les sinuosités des sciences politiques. Courage, tiens bon, you're the best! A tous les autres, bon vent et bonne rentrée!

8 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Des vacances bien métitées! j'adore arcachon, tout comme toi, d'ailleurs cela me fais penser que nous devrions y partir un jour toutes les deux, sans délaisser pour autant notre savoie natale...
j'espère que la reprise a été bonne et que tout va bien, et surtout stress pas trop pour ton appel, je suis sûr que ca va marcher: normal t'es quelqu'un de formidable!
je t'embrasse bien fort et si ca va pas, à trois on crie: hahahahahahahha!!!
bisous

09 septembre, 2006 11:13  
Anonymous Anonyme said...

Des nouvelles fraiches (autant que les huitres) pour moi qui n'attends que de partir c'est super ! remarque yen a qui ont de la chance d'avoir déjà des vacances ! Heu sinon, c'était fort intéressant bien que j'avoue que ma concentration a été mise à rude épreuve pendant les passages de digression dont tu es la chef !Voilà, je voulais te faire un coucou et la flemme d'un mail donc j'ai écrit un post sans interêt !
En fait y'avait plus simple : Je pense à toi ma Malo, a toi avec tes bols de soupe brûlants et nos soirées François Truffaud.
Bisous

09 septembre, 2006 15:24  
Anonymous Anonyme said...

Pas la peine de faire la remarque ! J'ai vu ! c'était une faute d'inattention ! Truffaut s'écrit bien entendu avec un T !

09 septembre, 2006 15:27  
Blogger Tibs said...

Quelle poètesse cette Malo !!! Arriver à nous faire gober que les trajets en TER sont propices à l'imagination et à l'introspection. Comment veux-tu être crédible maintenant ma chère? Comment veux-tu passer pour une fille chic et classe si tu nous proposes ces basses considérations, "comment un TER?, comment même pas un TGV? en 2ème classe en plus?" non je ne te crois pas. Sinon, c'est vrai que le coup de faire le tour de France en TER est une bonne idée, c'est trè populaire, rien de mieux pour se rapprocher des petites gens (mais avec des gants tout de même, il ne faut pas exagérer). En tout cas, très bon récit une fois encore, continue d'écrire, continue de nous raconter ta vie, personellement je trouve ça fooooormidâââââble (avec la voix de Brialy quand il parle de J.Moreau)

09 septembre, 2006 18:19  
Anonymous Anonyme said...

Tres chere,
que de bonheur de lire votre prose truffee de mille et un details...
Un petit coucou de Londres et bientot de Kent! et au plaisir de vous voir debarquer a Londres d'ici peu! nous serions separes alors que d'1h de trajet en train ( non pas TGV, ca n'existe pas...) de mon universite jusqu'a la capitale!!
que du bonheur je vous dis!!
Quoi que tu fasse pour l'annee qui vient, bonne chance et continue a ecrire, il semblerait que tu sois douee... ;)
bisous de la londoneuse.

10 septembre, 2006 13:58  
Blogger noémie said...

Laisse moi te retourner le compliment : quelle poésie... Vive les Sciences Po-étes!!

11 septembre, 2006 17:50  
Anonymous Anonyme said...

Ma ptite Malo,
Je me rabaisse à imiter, à prime abord, les commentaires de nos chèrs collègues, merci de nous faire partager cette vie trépidante qu'est la tienne !

Quel talent, quelle verve dans l'écriture, quel style raffiné, si légé et délicat...ne serais-tu pas en course pour le "Blog-Goncourt" ?

A très vite,

Jt'embrasse

18 septembre, 2006 11:59  
Anonymous Anonyme said...

Ma chère Malo, C'est l'expat nouvellement canadienne qui te parle. Merci à toi aussi pour ce blog somptueusement écrit. C'est génial tu as l'air de vraiment prendre ton pied, Vive le soleil! Aujourd'hui, premier jour de pluie à Vancouver, peut être le premier d'une longue série! Mais alors pour qui vas-tu voter en 2007? J'ai l'impression que tu fricotte un peu avec Arcachon, le seul, de mon point de vue(!), dont tu n'aie fait aucun reproche! On y vient, on y vient!! je t'embrasse très fort, on reste en contact

30 septembre, 2006 22:16  

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